31 Décembre 2001
De toute évidence, l'invitation du couple royale n'est pas passée inaperçue aux yeux de la communauté européenne et toute le monde s'est appliqué à répondre présent. Quand nous arrivons, la soirée n'a pas encore officiellement commencé, les Iceni laissent le temps à leurs invités d'arriver tranquillement et de se familiariser avec les lieux.
Comme je l'ai mentionné, je ne connais pas la famille royale de près ou de loin, y compris les deux aînés de leurs rejetons qui ont pourtant intégrés la faculté du Royaume-Uni il y a peu. Même leur arrivée à beaucoup fait parler autour de moi, et que Bleddyn à rejoins les Pendragons. De toute manière, ce n'est pas spécialement de ce genre de personnalités publique que je trouverais grand intérêt à me rapprocher. Ce ne serait pas anodin mais je ne fais ni dans le commerce, ni dans les relations internationales. Il est vrai qu'en cas de procès, il s'agirait d'un client potentiellement intéressant à défendre mais je ne doute pas qu'une famille royale à déjà réunie toute une petite armée d'avocats rouquins à leur botte.
"Ca se voit." Commente Akutenshi quand je commente distraitement que je n'avais jamais eu l'occasion de visiter un palais royale auparavant, m'arrachant un sourire. Il a probablement raison et je ne cherche pas à prétendre le contraire. Il faut avouer que c'est impressionnant même si le choix de couleurs est questionnable, très noël kitsch à mon goût pour un nouvel an, tout est démesuré. Je n'en aurais pas juré avant de le voir, mais pour être honnête je n'envie pas la vie de princesse de Louve et Accalia. Être de Sang-Pur est déjà suffisamment contraignant par bien des aspects, je n'imagine pas être de sang royale.
"C’est tout aussi nouveau pour moi." ajoute mon cavalier. J'ai un petit rire, ce n'est pas exactement une surprise. Déjà, il n'est pas monnaie courante d'être convié dans ce genre d'endroit qui que l'on soit, et d'autant plus quand on vient tout juste de se découvrir une affiliation nouvelle à la mondanité.
Au fur et à mesure que l'on évolue dans le grand espace, on discute de nos premières impressions sur les lieux. Être en compagnie d'Akutenshi a quelque chose de rafraîchissant. D'abord parce qu'il n'est pas matrixé par la bienséance qui est normalement d'usage dans mon monde et parmi mes pairs, ensuite parce que les paillettes de ce monde ne semble pas l'aveugler plus que ça. Il reste plus ou moins lucide sur ce qui l'entoure et n'idéalise pas autant l'univers mondain plus que nécessaire comme beaucoup d'entre nous le font même en étant baigné dedans depuis la naissance. Et surtout il le dit. Il n'a pas peur de mentionner ce qui lui déplaît et ce qu'il trouve ridicule, ce qui est beaucoup plus divertissant et amusant que ce à quoi je suis habituée.
"Si tu veux mon avis, elle va avoir du boulot cette Dana. Ou son esprit." Tiens qu'est-ce que je disais. Qui parmi les gens avec qui je traîne habituellement à ce genre d'évènements, se moquerait ouvertement du discours du roi une seconde après sa conclusion ?
"Si elle prend les suggestions, j'ai deux trois trucs à lui soumettre." je réponds amusée en reprenant une gorgée de champagne. Je me réjouis que ce discours en question ne ce soit pas éternisé, il a l'air très sympathique ce monarque mais on est pas venu pour l'entendre blablater mille ans.
Le voilà d'ailleurs qui lance les hostilités, ouvrant le bal avec sa tendre moitié. Je taquine Aku parce que si une chose est sûre, c'est que je n'ai pas accepté son invitation pour ses qualités de danseur.
"Tu as raison, je risque de mettre la honte à la famille royale avec mon déhanché exceptionnel." Cette fois j'éclate de rire franchement.
"Tu risquerais de te faire exécuter pour les avoir ainsi humiliés" je jette un oeil à la piste de danse où plusieurs couples s'avancent pour rejoindre la famille royale.
"Ou peut être embauché à la cour comme professeur de danse ?"Le temps de quelques secondes je me laisse happer dans la contemplation de la foule qui m'entoure, formant un joli tableau. Enfin non, l'esthétique de la scène est imparfaite, les couleurs des invités clashent brutalement les unes avec les autres, certains couples semblent étrangement assemblés, il y a bien trop de monde et de détails incohérents pour que tout soit parfaitement harmonieux. Mais je fais confiance à nos mémoires biaisés pour adoucir ce souvenir plus tard et ajouter un filtre pailleté sur ce portrait fragmenté.
En parlant de scène imparfaite, c'est à ce moment que je remarque pour la seconde fois Blackwood et sa compagne en train de discuter non loin de là. L'imperfection résidant bien évidemment en la présence de Arthur dans un rayon de moins de 200 mètres alentours, et dans le fait qu'il soit accompagné d'une si jolie jeune femme. Et comme ce soir je suis encline a accepter que chacun à ses défauts, détestable Blackwood bien plus que d'autres, je cède moi même à ma curiosité en approchant la fille en question dès que l'ancien serpentard l'abandonne. Je préviens Akutenshi et m'éloigne le temps de quelques minutes.
L'impression que me donne Louise Lecomte, c'est qu'elle semble extrêmement mal à l'aise et peu assurée. Cela m'interpelle parce que je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui lui provoque cet inconfort qui est écrit sur sa figure et transparaît dans chacune des paroles qu'elle prononce. Peut-être sa robe qui, bien que très jolie, a l'air d'être tellement serrée qu'elle commence à fusionner avec sa peau ? Non, j'ai des explications bien plus plausibles à ses agissements. Soit c'est moi qui la gêne, mais je ne vois pas vraiment comment ce serait possible, j'ai eu le sentiment d'être plutôt sympa et pas trop intrusive en lui parlant. Je l'ai même complimentée, et c'était sincère. En plus, du peu de choses que j'ai pu entendre sur cette fille, je ne l'aurais pas vraiment imaginée du genre timide. Ou alors c'est l'affreux personnage qui l'accompagne qui la trouble et cela me paraît cent fois plus logique. Oui, ça c'est une information que mon cerveau accepte de traiter.
En parlant du diable, j'ai à peine le temps d'échanger trois mots avec sa cavalière, qu'il rapplique plus rapidement qu'une acromentule sur sa proie. S'engage une joute verbale qui, pour être honnête, m'ennuie plus qu'autre chose. Je déteste Arthur, il me le rend bien. On en a tous les deux autant conscience mais, qu'il le croit ou non, j'étais venue discuter avec Louise en espérant échapper à ce moment déplaisant. Bon, c'est de ma faute en soit, mais je préfère le blâmer lui.
"Quant à la tienne… Elle n'est pas un peu trop vulgaire, pour cette réception ?" Mon rire est sincère. Sérieusement ? Il m'a habitué à mieux, d'habitude il a l'esprit plus aiguisé. Là, il m'attaque sur un truc si futile que ma tenue de soirée ? Je suis presque déçue, quitte à perdre mon temps à discuter avec cette personne humainement abject, autant que ça reste un minimum intéressant. Je me fiche complètement que ma robe ne soit pas à son goût, ce n'est qu'un tissu sur une esthétique impeccable.
"Peut être, ça n'a pas eu l'air de choquer la sécurité à l'entrée en tout cas." Je hausse les épaules.
"C'est fou comme un nom de famille peut s'avérer être un véritable laisser-passer, n'est-il pas Arthur ?" je souris. Bien sûr je fais référence uniquement à ma tenue, pas du tout aux nombres de rumeurs mystérieuses qui circulent sur l'étudiant. Loin de moi l'idée de mentionner qu'autour de lui des gens semblent étrangement disparaître, se retrouver en vacances à Azkaban ou même en hôpital psychiatrique à l'occasion. Cependant, je sais très bien que son nom est une couverture suffisante pour lui éviter de soulever trop de questions, ce qui m'embête car je rêverais de voir ce sociopathy finir mal. d'une manière ou d'une autre à son tour.
C'est le moment que choisit Akutenshi, et son timing si précis en l'occurrence, pour nous rejoindre à son tour. C'est vrai qu'il connaît ce sorcier odieux lui aussi. Louise quant à elle semble sur le point de s'évanouir. Je lui lance un regard curieux, je me demande bien ce qu'il se passe dans sa tête. Je pourrais répondre à ma question très simplement en fouillant un peu son esprit, mais ce ne serait pas très discret pour l'instant et je n'ai pas non plus envie de causer une scène au milieu du bal.
"Je vous laisse mais ne me la cassez pas, s’il vous plaît. Je risque d’en avoir besoin ce soir." Je lui adresse un petit sourire. Charmant. Et pourquoi donc Akutenshi Busujima aurait-il
besoin de moi ce soir ? Il s'ennuie déjà, privé de ma plaisante compagnie à son bras ?
"Voyons, tu me connais Akutenshi. J'adore prendre soin de mes interlocuteurs, n'est-ce pas, Clémence ?" Je reporte mon attention sur Blackwood, entendre mon prénom dans sa bouche me fait l'effet d'une craie sur un tableau.
"A deux doigts de se faire des tresses en échangeant des recettes de potions." je marmonne ironiquement en prenant une gorgée de champagne pour détourner mon attention de mon inexorable envie de lever les yeux au ciel.
Bestie ! "Rejoins moi quand tu veux." A Akutenshi je lui souris sincèrement pour lui signifier que j'ai entendu et que je ne compte pas lui fausser compagnie encore très longtemps. Je suis un peu soulagée qu'il ne s'attarde pas dans cette discussion, ça ne le concerne pas et j'imagine que ça ne lui serait pas si plaisant de se retrouver au milieu de tout ça. Il risquerait de finir dans le même état que Louise, même si je doute qu'il soit si facilement embarrassé par une telle situation. Il est plutôt du genre à rien en avoir à foutre.
Mon cavalier à peine éloigné, Blackwood relance les hostilité. J'ai déjà mentionné que je ne pouvais pas me voir sa gueule ? Surtout quand il adopte cet air supérieur et arrogant.
"Je ne le suis pas. Disons que je suis curieux d'information. Et peut-on appeler une information juste un ragot ?" C'est donc là qu'il voulait en venir. Je suis presque sûre qu'il balance ça au hasard de toute façon. Si il avait des informations, comme il le dit, sur ce qu'il s'est passé lors de mai 1998, pourquoi aurait-il attendu si longtemps pour dire quoi que ce soit ? Il aurait préféré garder l'information pour me menacer ? Quel intérêt ? Je n'ai rien qu'il puisse m'envier et je préfèrerais crever que de faire quoi que ce soit pour lui même sous le joug d'une donnée aussi sensible, quitte à finir à Azkaban. Ce mec est un psychopathe, y a vraiment aucun doute.
"Je suppose, quand cette information est infondée et issue de l'imagination fertile d'un enfant qui joue au grand." Je réponds sans chercher à masquer les sentiments qui m'animent en cet instant, laissant tomber le masque le temps d'une seconde.
"Je ne sais pas ce que tu t'imagines Blackwood, mais je n'ai rien à me reprocher. En dirais-tu autant ?" Et franchement je ne mens même pas. Je ne me reprocherais jamais d'avoir sauvé la vie de mon petit frère au détriment de celle de mon aîné. Je reprendrais la même décision encore et encore si je devais recommencer. Qu'il réponde qu'il n'a rien à se reprocher non plus ne m'étonnerait guère, dans son cerveau de malade mental, je suis sûre qu'il n'a aucun remords vis à vis de la manière dont il traite absolument tout le monde, en particulier ceux qui se trouvent sur son passage d'une façon ou d'une autre.
C'est Louise qui met fin à cet échange dénué de sens en demandant à son partenaire de bien vouloir l'emmener danser. Excellente idée, cela me permettra de rejoindre une ambiance plus agréable aux côtés d'Akutenshi.
"Tu voudras bien m'excuser, Clémence, j'en suis sûre, mais ma cavalière me demande. Je te souhaite de passer une bonne soirée… Tant qu'il en est encore temps." Je lui souris, bien sûr que je l'excuse, mille fois si nécessaire tant que ça éloigne sa présence nocive de ma personne.
"Bien sûr, elle devrait recevoir toute ton attention après tout." je réponds avant de reporter ma propre attention sur la demoiselle.
"Ravie d'avoir fait ta connaissance, on se recroisera peut être à l'occasion." je lui lance plus sincèrement.
"Passe une bonne soirée." Bon courage surtout, je songe en m'éloignant. Et bien voilà une chose de faite, et ce n'était pas l'idée la plus brillante que j'ai pu avoir au cours de mon existence. J'en ai presque des frissons, comme si mon corps essayait soudainement de rejeter toute cette négativité liée à Détestable Blackwood. Je repère mon cavalier un peu plus loin et constate que sa coupe de champagne est aussi vide que la mienne. Interceptant un serveur avec un plateau de verres sales, je lui confie la mienne et en cherche un autre avec un plateau plein dans la foulée. Mais ce second serveur m'a apparemment repérée avant puisqu'il vient à moi, me présentant les coupes, avant que je n'ai pu faire un pas de plus. Je le remercie poliment, en attrape deux, et file retrouver Akutenshi.
"Il paraît que tu as besoin de moi ?" je demande amusée en lui tendant l'une des deux coupes. Ses termes, pas les miens. Mais peut être qu'après tout, il cherchait juste à me filer une excuse pour que je m'éclipse de la conversation pénible que j'étais en train de tenir avec l'autre fou furieux.
"Qu'est-ce qu'il y a, tu ne sais pas danser sur autre chose que de la K-pop ?" En riant, je prends une gorgée de champagne. Au moins je passe vite à autre chose, il n'est rapidement plus qu'un lointain souvenir avec si peu d'importance dans ma vie que j'ai déjà presque oublié l'avoir croisé. J'abuse à peine.
"Tu as croisé Ian ?" je demande alors que le garçon en question entre dans mon champs de vision, toujours accompagné de sa copine. Pour un puriste comme Ian Wen, clamant à qui veut l'entendre qu'il fera un mariage de sang-pur et perpétuera les traditions familiales, il est étonnant de le voir au bras d'une Sang-Mêlée. Mais je me dis que, peut être, cela lui fera du bien de sortir un peu de la petite bulle bien confortable des Sang-Pur. Je ne connais pas la demoiselle, j'admets qu'au moins elle est très belle, mais je lui souhaite d'être un peu plus intelligente qu'un Ian Wen. Non vraiment, je n'ai rien contre lui. Il a tendance un peu à me taper sur les nerfs quand il part dans ses grands discours presque fanatiques à propos de la supériorité de notre race, ou à m'ennuyer profondément suivant mon humeur. Mais à part ça, il est plutôt fun et je l'aime bien le reste du temps. J'espère juste qu'il n'embrigade pas des sorciers influençables dans son idéologie moyenâgeuse.
Quant à Akutenshi, j'ai cru comprendre la première fois que l'on s'est rencontré, qu'il n'appréciait pas forcément le garçon, mais qu'ils s'étaient trouvés un intérêts communs. Pour être totalement honnête, je n'ai pas posé plus de questions parce que j'en ai pas grand chose à faire de ce qu'ils peuvent traficoter tous les deux et l'occasion ne s'est jamais présentée de tous se voir en même temps. Manquerait plus que Sirius soit dans le coin, et tout serait parfait, vraiment.
"On peut dire ce qu'on veut de la famille royale, leur champagne est bon." je commente à voix haute en en reprenant justement une gorgée. En parlant de cela, j'aurais pensé que nos hôtes auraient préparés des petits happenings pour conserver l'excitation de la soirée ou, je ne sais pas, marquer les esprits. Le but de ce genre de démonstration d'opulence à la Gatsby, n'est-il pas de surprendre, et d'émerveiller les gens ? Histoire que tout le monde n'ait plus que votre patronyme à la bouche. Enfin, je veux dire, une fois passé l'éblouissement premier, on a vite fait de se dire que ce bal ne diffère en rien de ceux que l'on a pu connaître à Poudlard, à l'UMS ou autre. Les lieux ont pu parfois être plus modestes, et il n'y avait pas de milice royale certes. A part ça...A boire, à manger, et de la danse. C'est cool hein mais disons que je ne sais pas si dans dix ans, quand je me remémorerais mes années de fac, je me souviendrais de cette soirée en particulier. Sauf si Blackwood crève par inadvertance ce soir. Là je m'en souviendrais sans aucun doute.
Dommage, j'étais à ça de vraiment l'avoir zappé. Mmmh, ça m'énerve parce que je pars du principe que les gens n'ont d'importance que celle que tu leur donnes. Et si cet épouvantard parvient à gâcher ne serait-ce qu'un petit peu ma soirée, c'est que je lui en accorde déjà beaucoup trop à mon goût. Je sirote une toute petite gorgée à nouveau en m'intimant de ne pas boire trop vite. J'ai une bonne résistance, c'est certain, mais ce serait mal vu au bout d'un moment. Et puis je ne suis pas venue me bourrer la gueule, ce serait d'un réel mauvais goût, j'attendrais de retrouver les squatteurs de mon appartement si vraiment l'envie me prends. En regardant autour de moi, je croise quelques regards, adresse quelques sourires polis, d'autres bien plus chaleureux. Politicien, Magistrat, Businessman, Célébrités, Famille Royale, un joli échantillon de l'aristocratie européenne s'est réunie sous ce toit. Et je me désolerais presque de connaître la plupart d'entre eux de près ou de loin. Je ne retire aucune gloire personnelle du fait d'être bien née, d'avoir grandi dans ce monde là et continué à y évoluer malgré tout ce qui y est défectueux et problématique, seulement beaucoup d'aisance dans ce genre d'évènement mondain.
(c) crackle bones